Ce débat s’est très bien passé, vivant, ouvert, intéressant, avec un véritable échange, qui nous a permis de se démystifier réciproquement…. Il y a eu de très belles prises de paroles, les Calcia avec leur inquiétude et leur solidarité (forte présence des anciens), l’Avl3c avec toutes ses personnalités. Une quarantaine de personnes en tout étaient présentes, Armelle Hervé animant le débat, Marc Jammet faisant circuler le micro.

En bref, inventaire des craintes des Calcia CGT:

  • ils ne croient pas à la reconversion : références à l’industrie du Nord qui a fermé et il n’y a rien eu derrière ; ils n’ont pas confiance, ce qui les rend d’autant plus pugnaces pour garder la cimenterie.
  • le besoin de ciment, le Grand Paris, la nécessité écologique de produire du ciment près des lieux de production est un argument récurrent que nous avons démonté, mais difficile de se faire entendre quand on dit que la capacité de production française excède largement les besoins (guerre des chiffres sur ce sujet). Ils estiment que le Grand Paris va faire repartir très vite et très fort la demande, et donc qu’on ne peut se passer de Gargenville…..
  • ils récusent à priori notre scénario de transformation de l’usine en centre de broyage, en dénonçant une délocalisation de la production du ciment et la tentation d’aller polluer ailleurs ; argument fortement soutenu par le PC : « nous devons assumer nos consommations de ciments en les produisant chez nous ! »
  • Nous avons parlé de la densité de population à Gargenville et de l ‘impossiblité de maintenir une telle source de pollution parmi 11 000 riverains ( carte à l’appui), nous avons souligné l’importance de la pollution sur cette zone, classée, rappelons-le une fois de plus en “zone sensible” ; ce qui n’est pas le cas d’autres cimenteries.
    A noter qu’ils ne semblent pas mesurer l’importance de la pollution aérienne, en particulier celle générée par l’usine, et les risques pour la santé de tous les habitants de la vallée de la Seine.
  • Nous avons dit qu’il ne s’agit pas d’aller polluer ailleurs. Mais que la production de ciment, (génératrice de CO2) doit diminuer partout dans le monde, d’où le nécessaire et urgent développement de matériaux alternatifs, de constructions alternatives, etc…
  • En préalable nous avions expliqué les problèmes liés à une carrière à Brueil: la Zone spéciale, le manque d’accès, un calcaire très profond, les risques pour la nappe phréatique, la consommation de la terres agricoles, la destruction d’emplois dans les villages du mantois où la population augmente et où des activités se créent, et la proximité excessive des habitations. Nous avons dénoncé la fausse concertation organisée par Calcia avec les élus et les associations.
  • Ils se sont ouverts progressivement dans la discussion au fait que si d’autres emplois étaient proposés, une évolution de la cimenterie pouvait s’envisager, mais ils devaient avoir des garanties.
  • Nous avons tous parlé de convergence de lutte : agir pour l’environnement tout en
    préservant l’emploi
    ; ils sont indéniablement sensibles à l’environnement et en ont marre de se faire traiter de pollueurs !
  • Tout en défendant le fait que l’usine “est aux normes” et qu’eux, en première ligne, peuvent stopper immédiatement la production s’il y a problème, ils ont exprimé le fait que le matériel est vétuste et que cela rend le travail parfois très difficile.

Donc, il y a une ouverture et il y a eu un réel échange malgré les divergences…MAIS il faut souligner qu’ils étaient tout de même très peu nombreux, comparé au groupe de salariés que nous avions vu à GPSEO…groupe qui était venu soutenir l’employeur Calcia lors du débat GPSEO en décembre 2017.
Bref, il faut avoir conscience que nous avons rencontré des représentants des salariés les moins inféodés à l’entreprise, les moins susceptibles de croire ce que raconte la multinationale… qui ne se prive pas, comme nous l’avons vu depuis le début, de désinformer, de biaiser, afin de sauvegarder ses intérêts contre l’intérêt général.
Leur inquiétude de voir leurs emplois remis en cause, voire la nécessité de se reconvertir est légitime, et cela doit nous engager à augmenter la pression sur les élus quant à la nécessaire anticipation des alternatives aux fours de la cimenterie de Gargenville.

  • il s’agit de reconnaître enfin que cette cimenterie ne pourrait s’établir à cet endroit aujourd’hui, dans une zone polluée et peuplée…. (11 000 riverains, des écoles, des crèches bien trop près).
  • Il ne s’agit pas de fermer la cimenterie, mais de la reconvertir en centre de broyage avec maintien des emplois et développement d’activités connexes, diversification etc. A noter qu’au moins une autre cimenterie Calcia fonctionne ainsi.

Petite cerise sur la gâteau, la rencontre avec Emilio, que nous avons ramené à Gargenville. Il a travaillé 40 ans chez Calcia, comme graisseur de machine. Il nous a parlé du début où il y avait 4 fours et 600 salariés, puis de la dégringolade. A la retraite depuis longtemps ; il semble partager son temps entre passer tous les jours à l’usine, et marcher des milliers de km en passant par Saint Jacques de Compostelle. Qui eût cru que nous rentrerions avec un ancien salarié de Calcia! En l’écoutant, nous avons encore mieux mesuré l’importance de cette cimenterie dans la vie locale !