AVL3C, le 8 Novembre 2016

Monsieur le préfet,

Je me permets de vous écrire pour vous demander de reconsidérer votre point de vue au sujet de l’extension des carrières calcaires à Brueil en Vexin et alentours.
En effet, ce projet parait fortement soutenu par les politiques, sous l’argument unique de l’économie. Or, il est de la responsabilité de l’état d’envisager l’économie à long terme, et surtout de mettre en balance les avantages économiques du projet à court terme, avec les dégâts induits par ce projet sur l’environnement, sur la santé des citoyens et la dégradation de leur lieu de vie.

Ce projet nécessite la destruction de 100 hectares de terres agricoles fertiles en Ile de France. Est-ce acceptable ? Qu’adviendra-t-il quand la France ne pourra plus assurer son autonomie alimentaire ? Il est aberrant de lire dans les rapports préliminaires du PLUI de GPS&O que la préservation des terres agricoles est une priorité et d’accepter un tel projet !

Les nappes phréatiques sont déjà polluées par les pesticides dans la région. Pour preuve, le rapport de l’ARS sur la qualité de l’eau dans les Yvelines 2014 (carte page 22). Un dispositif de dépollution doit être installé sur le territoire voisin du SIAP de Montalet. Aux frais du citoyen bien sur !
Le projet de carrière est situé sur le bassin versant de la rivière Montcient qui participe à l’alimentation en eau potable de toute une partie de la région (Meulan etc…) Peut-on délibérément ignorer le risque de condamner toute une réserve en eau potable?

L’industrie cimentière est reconnue comme l’une des plus polluantes. Les émissions de CO2 et de particules fines sont énorme.
Les études de l’Observatoire Régional de la Santé montrent une surmortalité significative au seuil de 5% des moins de 65 ans sur ce même canton. Quand s’interrogera-t-on sur les causes de telles anomalies ? Quels sont les liens de cause à effet entre pollution de l’eau, de l’air et mortalité prématurée ?

Enfin, l’argument économique des 103 emplois rattachés à la cimenterie Calcia ne tient pas longtemps si l’on considère les perspectives à long terme. Ce type d’industrie polluante et basée sur la disparition des ressources naturelles n’a pas d’avenir. C’est une impasse à court terme, comme l’ont été en France les mines de charbon par exemple. Plutôt que d’attendre une fin certaine liée à l’extinction de la matière première ou à un coût d’exploitation trop élevé et donc non compétitif, pourquoi ne pas anticiper et organiser dés maintenant une transition économique vers des industries durables ? C’est le rôle des politiques de modifier les orientations économiques en fonction des circonstances. Réduire le ciment, favoriser d’autres modes de construction plus durables, encourager la transition énergétique, trouver une autre fonction pour la cimenterie de Gargenville, tout cela devient urgent !

Nos descendants seront en droit de nous demander des comptes sur nos décisions actuelles et leurs conséquences néfastes. Que répondrez-vous ? En tant que représentant de l’état, c’est vous le responsable. Ne vous cachez pas derrière les prétendues études d’impact commanditées par Calcia… Leur contenu en est inconnu, et la conclusion, toujours à l’avantage de l’industriel. Un peu trop facile, non ?
J’espère que vous prendrez la peine d’étudier en détail les quelques données citées ici qui, j’en suis sure, ne manqueront pas de vous faire réfléchir.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de mes salutations respectueuses.

La réponse du préfet

Références :
Rapport de l’ARS sur la qualité de l’eau :
http://www.ars.iledefrance.sante.fr/fileadmin/ILE-DE-FRANCE/ARS/2_Votre_Sante/5_Environnement/1_Eau/Eau_de_consommation/temoin_eau_dt78/bilan_2014_eaux_yvelines.pdf.
Rapport de l’ORS sur les indicateurs de santé :
http://www.ors-idf.org/index.php/fr/yvelines/492-profil-socio-sanitaire-yvelines