Une cimenterie qui veut creuser un trou dans un parc naturel, qui empoisonne l’air et le climat, un dossier entaché d’irrégularités, un émetteur majeur de NO2 alors que le pays est en infraction aux normes européennes sur le sujet et une mobilisation citoyenne qui ne faiblit pas depuis des années. Respire soutient un combat emblématique contre la pollution industrielle, à l’heure où une enquête publique est lancée.

La dernière cimenterie encore en activité en Île-de-France continue de fonctionner. Elle date de 1921 et aujourd’hui, selon le directeur de la DRIEE de l’Ile de France n’aurait pas le droit de s’installer sur le site qu’elle occupe depuis sa création. Située à Gargenville (78440), elle se trouve désormais au milieu de plus de 26 500 habitants installés sur un rayon de 2,5 km, avec des crèches, des écoles, des maisons de retraite… Elle appartient à la multinationale Heidelberg Cement. Elle utilise des fours pour produire du ciment à partir du calcaire. Elle a déposé une demande d’exploitation d’une carrière de calcaire dans le Parc naturel régional du Vexin. Incroyable, mais malheureusement possible !

Emetteur majeur de CO2 et de NO2

Cette cimenterie contribue au réchauffement climatique avec de fortes émissions de C02, 1000 tonnes en moyenne par jour. Mais elle émet également beaucoup de NO2 (dioxyde d’azote) p. Cette cimenterie est même le cinquième plus gros émetteur industriel de NO2 en Île-de-France, selon les données officielles de la DRIEE. Mais quand les services de cette DRIEE font un contrôle inopiné en 2015 de cette cimenterie, c’est pour constater un dépassement des taux maximum de poussières autorisés…Pour rappel, la France a de grandes chances d’être condamnée par le tribunal européen à payer de fortes amendes pour cause de dépassement des taux maximum autorisés de NO2, et ce, depuis plusieurs années.

La direction de cette cimenterie s’est engagée à investir dans des filtres plus sophistiqués pour réduire la pollution de l’air à la condition de lui octroyer le permis d’exploiter cette carrière dans le PNR du Vexin. Si on ne donne pas ce permis à la cimenterie, les gens peuvent continuer de se faire empoisonner ? Quel odieux chantage !

A cela s’ajoute donc un projet de carrière et la destruction programmée d’un très bel endroit du PNR du Vexin situé sur le bassin versant de la Montcient, en hauteur, donc très visible, au milieu de villages. Il s’agit de 105 ha de terres agricoles qui ne retrouveront jamais leur qualité, avec de la poussière, du bruit et aucune garantie que les nappes phréatiques ne seront pas touchées.

Ce dossier est entaché d’irrégularités

Déjà en 1995, Michelle Pappalardo, introduit un « cavalier » de quelques lignes dans la charte du PNR du Vexin déjà votée… ajoutant la possibilité d’une zone spéciale de carrières dans le PNR. Incroyable, mais vrai ! Or madame Pappalardo n’est rien moins que l’ancienne directrice de l’ADEME et la directrice du cabinet de Nicolas Hulot et de François de Rugy !

Un peu plus tard, on apprend que Monsieur Gomez qui a piloté une enquête publique sur la protection de l’eau potable (source et captage de Sailly/ Drocourt, deux communes qui touchent la zone de projet de carrières). Or, il a été découvert après que le commissaire enquêteur ait donné un avis favorable, que ce dernier était un ancien salarié de la cimenterie. Incroyable mais vrai !

Enfin, le bureau de GPSO (Grand Paris Seine Ouest) piloté par Philippe Tautou et Pierre Bédier, président du conseil départemental des Yvelines devait organiser au mois de juin 2018 un vote des élus pour donner sa position concernant ce projet de carrières. il a finalement décidé que ce vote n’aurait pas lieu. Quel déni de démocratie ! Cela illustre la volonté de ne pas tenir compte des nombreux opposants et de passer en force.

Or les élus locaux sont opposés à ce projet. 45 d’entre eux (les quatre conseillers départementaux et régionaux, notre député et une quarantaine de maires) ont signé une motion contre ce projet de carrières dans le PNR du Vexin.

Reconversion de la cimenterie

Une reconversion est pourtant possible sans les fours, en utilisant du clinker, ce que l’industriel n’envisage pas alors que beaucoup de cimenteries appartenant au même groupe Heidelberg Cement le font aujourd’hui. On soupçonne un intérêt financier de la cimenterie à continuer à utiliser les fours pour monnayer les quotas de CO2 attribués par l’union européenne et non utilisés. (cf émission cash investigation du 24 mai 2016 avec Lafarge)

Un besoin impératif de ciment ? Selon des chiffres donnés par le président du SFIC (Syndicat Français des Industries Cimentières) lui-même en 2016, la France a la capacité de produire 27 millions de tonnes par an… Mais elle en consomme quelque 17 millions (dont 2 sont importées). L’argument du Grand Paris n’est donc pas recevable.

Pourquoi, pour continuer cette activité polluante, aller détruire une partie du PNR du Vexin ? Pourquoi aller à l’encontre de la volonté de nos élus, nos trois députés, les quatre conseillers régionaux et départementaux ainsi que quarante maires ?

Difficile dans ces conditions de ne pas envisager la seule réponse possible : la beaucoup plus grande profitabilité financière de cette option, L’industriel a déposé sa demande d’autorisation environnementale en juillet 2017. Une enquête publique vient d’être lancée, avant la prise de décision définitive.